Mémoire de la Mine, avec La Voix du Nord

Mémoire de la mine, les métiers

lundi 20.12.2010, 05:14  - PAR LAURENT DECOTTE La Voix du Nord

 

 Les mineurs travaillent aussi au jour. Comme ici, en 1920, ces hommes de l'usine de carbonisation de Waziers. PHOTO MÉSIÈRE/CENTRE HISTORIQUE MINIER DE LEWARDE Les mineurs travaillent aussi au jour. Comme ici, en 1920, ces hommes de l'usine de carbonisation de Waziers. PHOTO MÉSIÈRE/CENTRE HISTORIQUE MINIER DE LEWARDE
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |

En 1947, 220 115 personnes travaillaient aux Houillères du bassin du Nord - Pas-de-Calais. Tous des mineurs armés de leur pic et de leur rivelaine ou plutôt, à cette époque, de leur marteau-piqueur ? Évidemment non. Les métiers de la mine sont multiples et, avec le temps et la mécanisation, ils ont évolué. Qui étaient les mineurs ?

 

« Pas une parole n'était échangée. Ils tapaient tous. On n'entendait que ces coups irréguliers voilés et comme lointains. Les bruits prenaient une sonorité rauque sans un écho dans l'air mort ». Ainsi Émile Zola décrivait-il le travail pénible des mineurs au fond, ces hommes qui abattaient le charbon munis de leur rivelaine, leur pic et leur marteau. Mais seuls, ils n'étaient rien.

À la fin du XVIIIe siècle, à la fosse du Mouton noir à Anzin, sur 115 ouvriers s'activant sous terre, seule une quinzaine abat le charbon. Ils sont les seigneurs. Presque tous les autres sont occupés à le traîner dans les galeries (les hercheurs) et à le remonter au jour où seules cinq personnes travaillent. Le tout sous la surveillance d'un seul porion, le chef.

À cette époque, les berlines sont encore des traîneaux (esclittes), les chevaux ne sont pas au fond et les cages sont encore des échelles. Les enfants sont précieux pour se faufiler dans des passages exigus. La plupart sont hercheurs, ou plutôt demi-hercheurs. Ils travaillent par deux, garçon ou fille, l'un hale l'esclitte grâce à un harnais et l'autre la pousse, les deux mains posées sur le rebord. Le tout pour un demi-salaire chacun. Quand d'autres, plus chanceux sans doute, portent le titre de galibot et sont adjoints à un ouvrier expérimenté. Incendies, éboulements, inondations et surtout chutes de l'échelle (parfois de 20 m), les enfants, inexpérimentés et plus faibles, paient un lourd tribut au fond. En 1813, une loi interdira aux moins de dix ans de « dévaler », en 1874 aux moins de douze ans et aux moins de treize en 1892.

Les femmes, également, voient leur métier évoluer. Dès le début de l'exploitation minière et pendant plus d'un siècle, elles descendront au fond. Mais les emplois qualifiés leur sont fermés. Comme les enfants, elles sont hercheuses. Mais dès le milieu du XIXe siècle, elles resteront au jour. Une loi de 1874 leur interdisant les travaux souterrains et de nuit ne fera qu'entériner ce qui existe déjà depuis dix ans.

Désormais, elles seront employées comme trieuses au jour (cafus), manoeuvres ou le plus souvent lampistes. Dans les années 1950, la mécanisation du triage et la généralisation des lampes à chapeau que le mineur retire en libre service entraînent la fin du travail des femmes mineurs. Quand elles ne sont pas employées dans les bureaux, dans les services des oeuvres sociales ou de santé, elles deviennent simples femmes de mineurs.

Mais qui sont les mineurs ? Lister l'ensemble des métiers est difficile. Désiré Lefait, chef porion du dernier puits, à Oignies, résume : « Il y avait tous les corps de métier dans la mine. Il s'agissait un peu de faire tourner une ville. » Tous sont mineurs ! Le statut du mineur de 1946 s'applique au personnel travaillant dans toutes les branches.

Au fond, donc, nous évoquions les abatteurs et les hercheurs, mais il y a aussi les boutefeux (les artificiers) et les foreurs, qui ouvrent le chantier. Les raccomodeurs, boiseurs ou poseurs d'étançons dont le travail évite l'effondrement des galeries. Il faut aussi assurer l'aérage, quand les hommes d'about sont chargés de l'entretien et de l'équipement des puits (d'où partent les galeries d'où ensuite démarrent les chantiers).

Au jour, entendez sur le carreau, certains ont en charge de préparer les matériaux et outils utilisés au fond : à la forge, à la scierie ou dans les ateliers. Vétérinaires et palefreniers soignent et préparent les chevaux, les machinistes veillent aux signaux de descente. Au triage-criblage, hommes et femmes vident et trient les berlines de charbon. Les lampes sont nettoyées, réparées et remplies. Il faut s'occuper de l'administration et de la paye.

L'introduction du chemin de fer jusqu'au carreau (dès 1838 à la compagnie d'Anzin) va solliciter beaucoup de personnel. Enfin, dans les lavoirs, les centrales thermiques, les cockeries ou les usines de carbochimie, on traite et on transforme le charbon pour sa commercialisation.

Quand, à Oignies, la mine ferme, sur 435 personnes au total, un tiers travaille à la surface et deux tiers au fond, rapporte Désiré Lefait. Bien loin des 5 sur 115 du début de l'épopée à la fosse du Mouton Noir d'Anzin. Car sous terre, le mineur est devenu un technicien. L'abatteur conduit des machines : haveuses ou rabots. Les tunneliers ou les marteaux perforeurs remplacent peu à peu le foreur. On utilise même le radar pour orienter ces creusements. Et à la surface, où de plus en plus de choses se passent et sont préparées, il y a même des sismologues pour savoir où est le charbon. On n'arrêtait pas le progrès. Le mineur descendant à l'échelle, pics et marteau accrochés, c'était devenu de l'antiquité.

 

 

Mémoire de la mine, les mots

mardi 21.12.2010, 05:16  - PAR LAURENT DECOTTE La voix du Nord
 Le Denaisien Jules Mousseron était mineur de fond et poète de langue picarde connu pour avoir créé Cafougnette. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE Le Denaisien Jules Mousseron était mineur de fond et poète de langue picarde connu pour avoir créé Cafougnette. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |

Saquer d'dins, le barrou, la barrette, la gaillette, la balle, le briquet, la mézière, dévaler, ravaler, le maca, le manoqueux, l'escoupe, le pain d'alouette et même le désormais célèbre « biloute ». sont des mots issus du fond ou du carreau et dont nous vous expliquons ici les origines grâce à la collaboration de Guy Dubois, bien connu des lecteurs de notre chronique patoisante. Pour ce faire, suivez le fil de la journée d'Auguste, mineur mi-réel mi-fictif.

 

Le réveil crinche. Auguste est en retard. S'femme est restée couchée sur l'pan de s'quémiche. I est en foufielle, il a peur d'être farcé (louper la cage, la gayolle qui l'amènera au fond). Georgette s'est saquée du lit pour lui préparer sin briquet. La dernière fois, ça l'a fait rire, Auguste, il a entendu que le mot briquet, ça venait de Raoul Briquet, un syndicaliste qui se serait battu au début du siècle (le XXe) pour obtenir aux mineurs la pause casse-croûte, alias le briquet. Mais ché faux. L'briquet, cha vient de l'anglais. Parce que les Anglais, ils ont « dévalé » (descendu) au fond bien avant les Français. Alors ils ont laissé des mots. Briquet, cha vient de break, qui signifie pause. Mais au fond, avec notre accent picard, c'est devenu « brique » et par extension briquet. En l'occurrence, des tartines de saindoux, de la graisse de porc, parce qu'au fond, l'beurre devenait rance.

Auguste se presse. Tout le monde pense que ché un maca (très bon ouvrier), il n'a pas envie de passer pour un manoqueux (mauvais ouvrier). En plus, il tient à s'quinzaine. À chaque Sainte-Barbe, il fait des longues coupes. Il double ou triple son poste pour avoir des doupes pour bien faire la fête. Là, clairement, faut saquer d'dins. Saquer, ché tirer, et din ch'cas précis, ché din l'veine d'carbon qu'il saque. Cha lui fait pas peur, Auguste, ché un saqueux (un courageux).

Il file, passe devant le terril. Et comme, dans le sillache d'une trentaine de mineurs reconnus, il est un poète, il se souvient de ce que lui avait raconté Jules Mousseron, son maître in parlache, avant de mourir en 1943. « Té sais pourquoi on prononce pas le "l" de terril, tiot ? C'est parce qu'en 1906, alors que les mines étaient occupées par la troupe à cause de la grève, un journaliste a demandé à un copain mineur comment on écrivait terril.

Lui a répondu : "Comme fusil." Il était courageux, ch'tiot-là. » Auguste a toujours bien aimé Jules car il s'amusait de ses histoires de Cafougnette. Pour la p'tite histoire, Jules a travaillé avec des Italiens, ché d'là qu'cha vient, Cafougnette. À la base, cafougnette, c'est un rustre italien qui racontait des cochonneries. Ça vient de cafone, en italien, celui qui raconte des cafougnettes.

Auguste doit arrêter de cogiter. Il vient d'arriver sur ch'carreau. C'est un vieux mot, le carreau. Au Moyen Âge, c'était les halles, la surface pavée où étaient installés les marchands. À la mine, c'est tous les bâtiments « au jour ». Auguste, lui, travaille à l'fosse. En main, une escoupe, en fait une pelle, ça vient de « scoop », qui veut dire pelle en anglais. Sur la tête, une barrette, un chapeau en cuir. Ça vient de baretta, que portent les prélats italiens.

Aujourd'hui a été une bonne journée, Auguste a ramassé plus que son quota de gaillettes (ça vient de galets). Faut dire que le boutefeu (l'artificier) a fait du bon boulot. Comme d'habitude, il a mis de la poudre dans un trou qu'il a rebouché avec une biloute d'argile. Auguste, lui, n'a pas arrêté. À part cinq minutes, assis sur s'daine (ses fesses : ça vient de down, bas, en anglais). Il a pris sin briquet, appuyé sur la mézière (le mur.

Oui, comme Charleville-Mézières !). Quand il est arrivé, la berline était vide (référence aux hippomobiles légères qui circulaient à Berlin), un vrai barrou (de barrow, qui signifie charrette en anglais). Mais grâce à Auguste, quand elle est remontée, c'était une balle, une berline pleine. Un mot qui vient des champs, les premiers mineurs étant paysans. Le porion était content d'Auguste. C'est Giuseppe, un Italien. Porion, il sait d'où ça vient puisque c'est de chez lui : caporione, en italien, signifie maître, contremaître.

Il est maintenant temps pour Auguste de remonter au jour. Il va se débarbouiller au lavabo et pas à la salle des pendus. Ce terme est une invention imagée de journalistes. Journalistes qui ont introduit dans la langue française le terme « rescapé ». C'était au moment de la catastrophe de Courrières qui a fait 1 099 morts en 1906. Les reporters du monde entier entendent les mineurs parler en patois de rescapés. C'est resté.

Il est 14 h quand Auguste rentre enfin chez lui. Pour ses enfants Bernard et Annick, il a apporté du pain d'alouette. La belle histoire... Quand les paysans ramenaient du pain qu'ils n'avaient pas mangé aux champs, celui-ci était un peu rassis. Alors pour que les enfants le mangent, ils disaient que c'était du pain d'alouette. Tous les tiots de mineurs ont mangé du pain d'alouette.

 

mercredi 22.12.2010, 05:15  - PAR LAURENT DECOTTE la Voix du Nord
Au sommet des plus hauts terrils du bassin minier, à Loos-en-Gohelle, une vue sur un territoire dessiné par l’exploitation du charbon. PHOTO PHILIPPE PAUCHET Au sommet des plus hauts terrils du bassin minier, à Loos-en-Gohelle, une vue sur un territoire dessiné par l’exploitation du charbon. PHOTO PHILIPPE PAUCHET
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |

C'est impressionnant ce que l'homme a fait au nom du charbon. En cent cinquante ans, il a complètement modelé un territoire agricole en un bassin minier. Sur 120 km de long et 12 de large, de Condé-sur-l'Escaut à l'est à Marles-les-Mines à l'ouest, ont poussé des terrils et des chevalements, se sont étirés des cavaliers (voies ferrées) et surtout se sont construits des logements. Des villes comme Lens et Bruay n'étaient que des villages. Il y eut jusqu'à 128 000 logements miniers en 1970, il en reste 70 000, répartis dans 563 cités. Un patrimoine industriel et paysager unique au monde que la candidature à l'UNESCO vise à préserver et à valoriser.

 

Prenez la rocade minière ou hissez-vous au sommet des plus hauts terrils d'Europe à Loos-en-Gohelle et vous verrez : montagnes noires, cités et chevalements. Voici comment s'est dessiné et densifié au fil des années un dixième du territoire régional où habitent aujourd'hui 1,2 million d'âmes, soit près d'un tiers de la population du Nord - Pas-de-Calais.

« Au Nord, c'était les corons... » Une très belle chanson. Mais Pierre Bachelet, et on le comprend, a éludé toute la diversité des logements miniers. Les corons ne sont en fait que le premier type d'habitat minier. Ne représentant aujourd'hui qu'un quart de l'ensemble. Un autre quart étant constitué de cités modernes, 9 % de cités-jardins et 41 % de cités pavillonnaires.

Avec cette seconde idée reçue : non, les logements miniers ne sont pas réceptacles de misère. Chacune de ces typologies de logements était avant-gardiste et plus confortable que ce qui se faisait ailleurs pour les paysans et ouvriers. En effet, ils étaient imaginés par les compagnies pour attirer la main-d'oeuvre : « Venez chez moi et pas chez le voisin, voyez le logement que nous vous proposons. » Quand on découvre du charbon dans la région, en 1720, à Fresnes-sur-Escaut, le futur bassin minier est une terre agricole. La mine est si vorace en bras qu'en 1825, la compagnie d'Anzin construit ses premiers logements ouvriers à Denain. Dans le Pas-de-Calais, les premiers corons naissent à Noeux et... Bruay : la fameuse cité des Électriciens bâtie en 1861, toujours debout et où un certain Dany Boon a posé sa caméra pour... Bienvenue chez les Ch'tis .

Le coron est une forme d'habitat en bande constitué d'alignements de 5 à 80 maisons identiques. Des habitations de 25 à 40 m², avec une pièce unique qui sert de cuisine et de chambre des parents, avec des murs enduits à la chaux ou au plâtre. À l'étage, une à trois chambres de 8 m² pour les enfants. Puis une cave pour le charbon, les pommes de terre et le tonneau de bière. Les latrines et le four à pain sont dans les communs. Dans les jardins : poulaillers, clapiers et ateliers. En 1867, le coron des 120 d'Anzin-Valenciennes est présenté comme un modèle de confort et de salubrité à l'Exposition universelle de Paris.

En 1870, les cités pavillonnaires viennent compléter les corons. Les barres sont coupées pour regrouper huit, six, quatre, puis deux maisons, entourées de jardins.

Ce sont principalement les ingénieurs des compagnies qui sont à l'origine de ces habitations. Avant la Première Guerre mondiale, 43 concessions sont accordées par l'État aux compagnies. Les pouvoirs locaux n'ont aucun droit de regard sur le développement urbain de leur commune.

En 1904, à Dourges, on construit pour la première fois des cités qui prennent vraiment en compte des données architecturales et urbanistiques : les cités-jardins, une révolution. Voiries en courbe, plans en cercle, premiers trottoirs et chaussées macadamisées, des squares. Quant aux jardins, ils s'agrandissent. Et s'ils ne sont pas bien entretenus, la compagnie sanctionne.

Il y a un règlement que des gardes sont chargés de faire respecter. Dans certaines compagnies comme à Lens ou Béthune, les cités reproduisent la hiérarchie de l'entreprise avec les maisons des porions et des employés à l'entrée de la fosse, plus grandes que celles des ouvriers. La maison du directeur est couplée avec l'église, les châteaux des ingénieurs, les écoles et les bâtiments sociaux.

La Seconde Guerre mondiale fait des ravages : 90 000 logements miniers sont détruits. Or avec le lancement de la bataille du charbon, le nombre de mineurs atteint son apogée. Et avec la nationalisation et l'adoption du statut du mineur, le logement gratuit devient un droit pour le travailleur et ses ayants droit. Conséquence, quelque 11 000 puis 20 000 baraquements sont élevés. Et les cités modernes, les Camus, inspirés de Le Corbusier, sont imaginées. Ces logements sont confortables, mais conçus à la base pour 25 ans, ces premiers « préfas » vieillissent mal.

Quelque 45 000 logements (Camus, corons, pavillons...) ont été démolis depuis 1971. La plupart de ceux qui restent ont été rénovés, mais devront l'être continuellement. Y habitent désormais moins de la moitié de mineurs ou d'ayants droit et majoritairement, ce sont des foyers à faibles revenus.

Mais ces logements ont un avenir. Des cités sont pilotes pour que soient pensées les maisons de mine du troisième millénaire. Écologiques et confortables.

Quand les terrils ne sont plus des crassiers, mais des biotopes à la faune et la flore spécifiques et les cavaliers ont mué en liaisons écologiques idéales pour le sport nature. Ce territoire, dessiné comme il l'a été, est promis à un avenir de modernité. •

 

jeudi 23.12.2010, 05:15 - PAR LAURENT DECOTTE

 

Le Régina à Berck ou comme ici, en 1960, le château d'Agecroft à La Napoule. Des lieux de vacances pour les mineurs. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIER Le Régina à Berck ou comme ici, en 1960, le château d'Agecroft à La Napoule. Des lieux de vacances pour les mineurs. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIER
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |

À l'origine des premières grèves, la naissance du... capitalisme. Main dans la main au début de l'exploitation, les ouvriers vont se rebeller contre les patrons dès lors que ces derniers deviendront des actionnaires intéressés. L'histoire de la mine est constellée de luttes massives qui n'empêcheront pas l'inéluctable fermeture mais au moins permettront aux mineurs d'atténuer et surtout de compenser quelque peu la difficulté de leur métier.

 

« À bas les Parisiens, vive les Mathieu d'Anzin ! » Slogan teinté de nostalgie d'une époque où, au XVIIIe siècle, la famille Mathieu dirigeait les travaux d'exploitation. C'était le temps du respect mutuel entre patrons et ouvriers. Mais au siècle suivant, la Compagnie des mines d'Anzin passe entre les mains d'actionnaires parisiens qui, au nom de la productivité, renvoient les vieux ouvriers, durcissent les conditions de travail et tirent sur les salaires. En 1833 éclate la première émeute, appelée des « quatre sous ». Mais c'est à la fin du XIXe siècle que les revendications se multiplient, impulsées par des figures comme Émile Basly, mineur qui deviendra maire de Lens et député à la faveur de circonscriptions où n'habitent et votent que des mineurs ou presque.

En 1884, Émile Zola assiste à la grande grève d'Anzin qui lui inspirera en partie la trame de Germinal. Quatre ans après sa publication en 1885, il écrira : « Le cadre d'une grève s'est imposé naturellement comme le seul dramatique, le seul qui devait donner aux faits le relief nécessaire. » Les mineurs vont bénéficier d'une législation sociale très en avance. Dès 1850, des sociétés de secours mutuels assurent des aides aux mineurs en cas d'accident ou de blessure. En 1882, Arthur Lamendin crée le premier syndicat de mineurs du Pas-de-Calais, soit deux ans avant la loi Waldeck-Rousseau qui autorise les syndicats. Le 1er novembre 1891, 40 000 mineurs sont en grève. Basly demande un arbitrage du député Clemenceau. À Arras, cinq représentants des ouvriers rencontrent cinq patrons, une solution est trouvée. Et jusqu'en 1914, des conventions vont régulièrement se tenir pour le règlement des conflits et les accords salariaux. Avec cet épisode d'Arras, les conventions collectives sont nées.

L'année précédente, la fonction de délégué à la sécurité des ouvriers mineurs est instituée par la loi. Il est élu par les ouvriers et établit des rapports qu'il remet au préfet. Il est l'ancêtre des CHSCT.

Le travail des femmes est réglementé, celui des enfants de moins de treize ans interdit. Une loi prévoit la réduction à huit heures de travail par jour dès 1906. Et c'est au lendemain de la catastrophe de Courrières qu'est fondé le ministère du Travail.

Viennent ensuite la guerre, la crise et le taylorisme. Le Front populaire est accueilli avec un grand soulagement. Dès le 10 juin 1936, les mineurs obtiennent d'importantes hausses de salaires et la limitation des méthodes de rationalisation. Quand Léon Blum se rend à Lens le 11 octobre, il est acclamé par des milliers de mineurs.

Surviennent la guerre et la Résistance des mineurs. Préparée de longue date par les communistes et résultant de tensions avec l'occupant, une grande grève suivie à son pic par 100 000 mineurs éclate en 1941 en réaction à la dureté des conditions de travail et aux problèmes de rationnement. Les Allemands répriment : plusieurs centaines de personnes sont arrêtées, 270 mineurs sont déportés et 130 ne reviendront pas.

En 1946, le statut du mineur est adopté, les conditions de travail s'améliorent. La silicose est reconnue comme maladie professionnelle, mais elle ne tue pas moins pour autant. Les mineurs sont relativement bien payés mais leur métier reste très dur. Et malgré les mobilisations, notamment la grande grève de 1963, les mineurs ne pourront rien contre la disparition de leur profession.

vendredi 24.12.2010, 05:16  - PAR LAURENT DECOTTE

 

 Wanted! Main-d'oeuvre pour travailler à la mine. On recrutait par-delà les frontières. En témoigne cette embauche à Lens en 1930. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE Wanted! Main-d'oeuvre pour travailler à la mine. On recrutait par-delà les frontières. En témoigne cette embauche à Lens en 1930. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |

La consonance du nom de votre collègue sonne polonais, italien, ou maghrébin ? Il ne serait pas surprenant que ses aïeux aient été recrutés pour travailler dans le bassin minier il y a un siècle ou seulement quelques dizaines d'années. L'histoire de la mine est intimement liée dans la région à celle de l'immigration.

 

« Au fond, on avait tous la peau noire. Et quand on se blessait, on avait tous la même couleur de sang. Donc non, le racisme à la mine, ça n'existait pas », assure Louis Bembenek, dernier secrétaire général du syndicat CGT des mineurs de la région. Henri Dudzinski, fils de mineur polonais et historien de la mine, confirme : « Même si j'ai bien entendu des "sales bougnoules", "sales Français " ou "sales Polaks", il n'y avait pas en général de racisme. Les différences culturelles pouvaient bien provoquer une certaine méfiance, mais dans l'ensemble, ça se passait vraiment bien. » C'est le métier qui voulait ça, sa nécessaire solidarité. Et l'école, qui brassait des gamins de toutes les nationalités. « Mes petits copains français savaient tous dire bonjour à ma mère en polonais. » Et puis l'amour... « J'ai assisté à des mariages italo-polonais ou berbéro-polonais. Quand ton copain est maghrébin ou italien, que tu vas chez lui et que tu tombes amoureux de sa soeur, tu ne te demandes pas si elle est italienne ou marocaine. » Dès le début, la mine n'est pas qu'une affaire de Français. Sa découverte, d'abord. Le premier « immigré » de l'histoire du bassin minier n'est-il pas Jacques Désandrouin ? Né près de Charleroi (B) et propriétaire d'un charbonnage, c'est lui qui entreprend les prospections dans la région d'Anzin. Avec son directeur de recherche Jacques Mathieu, il localise la première veine de charbon à Fresnes-sur-Escaut. Les locaux n'ayant aucune culture minière, on fait appel aux ouvriers belges qui apportent leur savoir-faire technique et tout un vocabulaire qui s'est ancré. Au XIXe siècle, ils vont constituer jusqu'à 40 voire 50 % des effectifs dans les fosses près de la frontière, mais de plus, ce seront des ouvriers qui chaque jour passent la frontière.

L'intensification de l'extraction et le manque de main-d'oeuvre sur place vont nécessiter de faire appel à une immigration plus lointaine. Peu après la catastrophe de Courrières qui fait 1 099 morts en 1906, 900 ouvriers kabyles sont embauchés. Ils ne seront pas plus de 1 500 sur tout le bassin en 1914. Tandis que parallèlement arrivent les premiers Polonais à Lallaing, Guesnain, Wallers et Barlin. Une démarche suggérée par le prince polonais Witold Czartoryski, actionnaire à la Compagnie des mines d'Anzin. Ils viennent des puits de la Ruhr, en Allemagne, on les appelle les Westphaliens. À la veille de la guerre, ils ne sont que 2 000 (y compris les familles). Mais quand il faut reconstruire en 1918, c'est la Stara Emigracia qui va constituer la plus grande expérience de recrutement collectif pour la France. Des centres installés dans différentes régions de Pologne sélectionnent les candidats qui doivent être jeunes et robustes. Mais souvent, ce sont des paysans sans qualification qui déçoivent les compagnies. Lesquelles se tourneront alors de nouveau vers les mineurs de la Ruhr. Entre 1919 et le début des années 30, environ 200 000 Polonais arrivent dans la région, dont 88 % de mineurs. Ce qui n'empêche qu'avec la crise, nombre d'entre eux sont renvoyés de manière indigne.

À la même époque, quelque 6 000 Italiens font de même. Mais c'est surtout à l'après-guerre que l'on fera appel à eux, ainsi qu'aux Algériens qui, au final, seront relativement peu : quelque 4 000 mineurs en 1952.

Les Marocains seront les seuls à être appelés en dehors d'un contexte d'activité prospère. L'arrêt de l'exploitation étant planifié, on a besoin d'eux en tant que main-d'oeuvre temporaire. Ce qui permet de garder de la souplesse, d'autant que les Européens ont de moins en moins envie de travailler au fond.

Ils arrivent en masse (en tout, ils seront 78 000) à partir de 1963, embauchés sous des contrats à durée déterminée. Mais donnant satisfaction, ils restent, bien que souvent logés dans des baraquements et ne bénéficiant pas du statut de mineur. Une injustice qui ne prendra fin qu'en 1980 après une grande grève.

Ces vagues successives ont laissé des traces, chacun créant ses commerces, ses associations, et apportant ses traditions. Le communautarisme était prégnant.

Les populations qui, au départ, ne pensaient pas rester, étaient souvent rassemblées dans une rue, un coron. Mais tous appartenaient à la même « ethnie », pour reprendre le mot d'Henri Dudzinski : celle des mineurs.

 

samedi 25.12.2010, 05:13  - PAR LAURENT DECOTTE LA VOIX DU NORD
 Mineurs remontant la statue de leur patronne sainte Barbe lors de la fermeture de la fosse 4/5 de Méricourt, en 1982. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE Mineurs remontant la statue de leur patronne sainte Barbe lors de la fermeture de la fosse 4/5 de Méricourt, en 1982. PHOTO CENTRE HISTORIQUE MINIERDE LEWARDE
| IL Y A VINGT ANS, LA FIN DU CHARBON |
Les mineurs fêtaient Noël en famille. Traditionnel, avec cadeaux et père Noël. Mais dans beaucoup de corons, l'importante communauté polonaise ou d'origine avait apporté ses traditions. Henri Dudzinski raconte la carpe à la juive, le makocz et les défilés de curés et enfants de choeur chantant des Koledy jusque fin janvier. Mais dans le bassin minier, l'esprit de fête régnait depuis le 4 décembre C'était la Sainte-Barbe, la grande et belle fête des mineurs. Récits et origines.

 

Henri Dudzinski, historien de la mine d'origine polonaise, se souvient des Noël de son enfance. « Comme en Pologne où tout est fermé, il était prévu dans le contrat de travail des mineurs polonais qu'ils ne travaillent pas non plus le 26. Dans les corons, on suivait les traditions du pays : sept, neuf ou douze plats selon ses moyens. Des fèves, des noix, la carpe à la juive, sorte de potjevleesch assez fort qui ne plaît pas à tout le monde.

Le makowiec, appelé ici makocz, qui est un roulé au pavot. Ou encore le pain azyme, le splatek, que l'on fait venir de Pologne. » C'est une sorte d'hostie avec des inscriptions religieuses partagée via un tour de table jusqu'au plus petit morceau. Le Noël polonais est très sobre et pieux. On ne connaît pas le père Noël, mais saint Nicolas. À partir du 25 décembre et jusqu'à fin janvier, le curé passe dans toutes les maisons avec des enfants de choeur pour bénir les foyers et chanter les Koledy, ces chants de Noël religieux comme Dziszaj w Bethleem. Des tournées quotidiennes, chaque soir, qui prennent la forme de défilés en chantant. Le prêtre inscrit une croix sur chaque maison dans laquelle il est passé. « C'était assez festif. Le soir, le prêtre était souvent dans les vignes du Seigneur », sourit notre témoin.

L'immigration polonaise ayant concerné 200 000 personnes, tout le bassin minier a vécu au rythme de ces traditions : « La Vierge noire de Chestekova était partout. » Mais il précise : « Cette très forte porosité valait aussi dans l'autre sens. Les Polonais se sont mis à décorer un sapin ou même à manger des crevettes ou du homard. » Les Polonais avaient aussi apporté leur coutume des oeufs décorés à Pâques. Le 15 août, une procession suivie d'un pique-nique rassemblait 5 000 à 6 000 personnes à Notre-Dame de Lorette où figure toujours dans la basilique une Vierge de Chestekova.

Mais la tradition la plus forte et spécifique à la mine était la Sainte-Barbe fêtée le 4 décembre. Basée sur la légende de la vie de Barbara, érigée en patronne protectrice de « tout ce qui tonne et détone » : pompiers, artilleurs et mineurs.

À l'heure de la fermeture du site de Roost-Warendin, le dernier du Nord, le 26 octobre 1990, Dominique Favaux, patron du Café des sports, en fait celui des mineurs, raconte : « Ça durait trois jours. Je demandais l'autorisation d'ouvrir toute la nuit en faisant venir deux musiciens. On mangeait de la soupe à l'oignon, des gâteaux polonais, des beignets... C'était la fête. » Le matin est organisée une cérémonie religieuse prise en charge par les Houillères. Une procession, patrons en tête, mène le personnel de la mine à un vin d'honneur ou à un banquet. Puis la fête se poursuit dans un esprit plus populaire, en famille ou entre amis pour manger, boire et chanter. Les femmes et les enfants offrent parfois au père un petit cadeau tel qu'un cigare, une bouteille de vin ou une tarte au libouli (au lait bouilli). Les mineurs partent ensuite festoyer. Et le lendemain, dès l'aube, après une très courte nuit, ils repartent au fond.

 

LA VOIX DU NORD dimanche 19.12.2010, 05:17  - PAR LAURENT DECOTTE

L'épopée du charbon s'est achevée le 21 décembre 1990 à Oignies, avec la toute dernière gaillette remontée du fond - PHOTO ARCHIVES « LA VOIX » L'épopée du charbon s'est achevée le 21 décembre 1990 à Oignies, avec la toute dernière gaillette remontée du fond - PHOTO ARCHIVES « LA VOIX »
| ANNIVERSAIRE |

Alors que dans le Nord les puits depuis un siècle fleurissaient, c'est à Oignies en 1842 que l'épopée du charbon gagne le Pas-de-Calais. C'est aussi là qu'il y a vingt ans a été remontée la dernière gaillette de tout le bassin minier. Le 21 décembre 1990, à Oignies, une page de l'histoire de notre région s'est tournée.

 

Il est aux alentours de 10 h 45 en ce matin hivernal quand les portes de la cage orange métallique de la fosse 9/9 bis du siège 10 s'ouvrent sur les dernières « gueules noires ». Ils ont chacun ramassé une grosse gaillette ou des petits éclats de charbon et sortent sous les cris et les applaudissements des centaines de riverains, élus, mineurs et familles ainsi que les nombreux journalistes avant de se fondre dans la haie d'honneur qui leur a été préparée.

Ils sont les derniers soldats de cette épopée de deux siècles et demi qui a profondément bouleversé l'Artois, le Douaisis et le Hainaut.

Ils furent 220 000 mineurs au plus fort de l'exploitation, ils ne sont plus que 350 à la « der » de Oignies, pour la plupart marocains, pour la plupart des anciens d'autres fosses qui tour à tour ont fermé. Ce matin-là, ils ne furent qu'environ 200 à descendre, se souvient Désiré Lefait, le chef porion, adjoint du directeur pour les travaux du fond. « À 6 heures du matin, j'ai croisé ceux qui terminaient leur poste de nuit, souvent tristes de ne pas pouvoir participer quelques heures plus tard à la remontée de la dernière gaillette. » Un symbole fort. Une cérémonie organisée pour les mineurs, les familles et les médias à chaque fermeture de site. Mais celle-ci avait le goût de l'Histoire avec un grand H.

La véritable fin de l'exploitation avait eu lieu la veille, le 20. « Jusqu'au bout, les mineurs ont travaillé », a constaté Désiré Lefait. « Quand ils ont appris que ça fermait, ils ont parfois dit à leur femme : "Je ne me ferai plus crever", mais dès qu'ils descendaient au fond... »

Inéluctable

Michel Doligez, le dernier patron du siège, que tous appelaient « grand-père », a même fait un discours pour les en remercier. « Si ça devenait la chienlit au fond, ça devenait trop dangereux et puis il y avait chez les mineurs la fierté du travail bien fait... » Pour lui, la fin du charbon était inéluctable à cause de la cherté de l'extraction dans la région, comparée à la concurrence. Et il avance : « S'il n'y avait pas eu les deux chocs pétroliers et l'arrivée de la gauche en 1981 pour relancer les embauches, ce serait même arrivé bien plus tôt. » Quand les choses se précisent pour Oignies en 1988, il reste 1 500 mineurs. « D'abord il a fallu convaincre les syndicats que cette fois c'était la bonne puisqu'on leur avait déjà fait trois fois le coup. Puis on a dû préparer la reconversion du personnel qui, au final, s'est relativement bien passée. On a eu peu de mouvements sociaux et très peu de gens sont restés sur le carreau. » Une centaine de mineurs ont été embauchés pour creuser le tunnel sous la Manche, d'autres à EDF, à Renault Douai... et la plupart dans le BTP.

« On était tellement conditionnés, tellement résignés, que le jour de la fermeture, il y avait assez peu d'émotion », se rappelle Édouard, alors technicien au jour.

Le chef porion évoque néanmoins « une vieille femme qui, en pleurs, a ramassé un bout de charbon, l'a mis dans un sac plastique et s'est tournée vers son petit-fils pour lui dire : "Voilà, maintenant c'est fini". » Voix tremblante, Désiré raconte avoir appris plus tard qu'elle était une veuve dont le mari était mort de la silicose. La tueuse étant déjà dans toutes les têtes, la pilule de la fermeture est ainsi plus facilement passée.

Document d'exception

À l'issue de cette journée qui, selon Désiré, finalisait « le long accompagnement de la mourante vers la fin », il n'en était pas encore complètement terminé du fond. Pendant plusieurs mois, des équipes ont récupéré ce qui pouvait l'être avant de remblayer les kilomètres de galeries. Les visiteurs étaient les bienvenus, empruntant le même trajet que les mineurs : la descente à la base du puits, les deux kilomètres de train, les centaines de mètres allongés sur les tapis roulants et enfin le télésiège d'un kilomètre pour arriver au chantier. « On n'a récupéré que 1 % de ce qui était au fond, les grosses machines et le cuivre, mais par exemple le télésiège est resté », lance Désiré. Mais avis aux intéressés, le remblaiement est définitif grâce à une partie du terril déversé et d'importantes couches de béton. Avant que ce caveau ne soit scellé, ils sont quelques-uns à avoir foulé les entrailles de la région.

Jean-Marie Minot, l'un des meilleurs spécialistes de la mine, possède un document d'exception : la lettre envoyée par Michel Poilevé, chef de la sécurité des puits et des sites arrêtés, au dernier patron des houillères, M. Verlaine. Michel Poilevé écrit que le 29 août 1992, à Oignies, il a laissé remonter les collègues puis « j'ai tenu à rester seul en pensant à mon père, deux oncles et deux beaux-frères qui y ont laissé leur vie et à tous ceux qui y ont laissé la vie ou une partie de la santé pour apporter à la France ce dont elle avait alors besoin, l'énergie du charbon »... « Dans la parfaite solitude, je pense avoir vécu la plus belle et la plus émouvante cérémonie de ma vie. » Fier : « De retour à la surface, j'ai démonté l'attache de la cage pour être sûr d'avoir été le dernier à avoir mis le pied au fond, satisfait d'avoir été le dernier mineur du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. » •

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :